Les Chevrons reviennent enfin sur le front des berlines, avec une proposition décalée. En quoi la Citroën C5 X entend réinventer le genre ?En 2016, Citroën avait créé l’événement au Mondial de Paris en explorant de nouvelles pistes pour réinventer le segment des berlines, à travers le concept-car CXperience. Un modèle très affûté, sur le plan du style, qui laissait planer le doute quant au retour de l’appellation CX, pour remplacer la C5, disparue du catalogue depuis 2018. Trois ans après, Citroën revient enfin aux affaires, avec une proposition pour le moins originale.
Ni C5, ni CX, voici la Citroën C5 X. Une appellation qui fait à la fois référence au concept CXperience, mais qui légitime surtout son penchant pour l’univers des SUV, au regard de son importante garde au sol. Citroën débarque sur le marché européen avec une architecture décalée qui remporte un vif succès sur les marchés asiatiques. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle la française sera exclusivement assemblée en Chine, à Chengdu.
Immanquablement, cette Citroën C5 X interpelle et ne manquera pas d’alimenter les discussions entre citroënistes de la première heure. Mais pour Citroën, cette proposition originale était la seule manière de revenir sur un segment D en forte perte de vitesse. Avec l’extinction de la « berline à papa », cette C5 X annonce peut-être le développement d’une nouvelle race de sedans.
Des berlines légèrement surélevées, mais pas trop. Accusant 1,48 m de hauteur. On est très loin du 1,60 m que la plupart des SUV dépasse allègrement. De ces derniers, la Citroën hérite surtout les protections en plastique brut, tout autour de sa carrosserie, mais de manière plutôt discrète. Elle nous épargne les sempiternels sabots en bas de bouclier ou encore les barres de toit. On a bien affaire aux codes d’une berline. Clairement, la C5 X assume son mélange des genres, au risque de s’éloigner de l’élégance naturelle qui émanait du concept-car CXperience. Il faut bien reconnaître que son important porte-à-faux arrière est loin d’alléger sa silhouette.
Alors oui, cette nouvelle C5 X en impose. Comme d’habitude chez Citroën, on nous promet un habitacle très vaste où le confort est roi. Mais sur le papier, son empattement est étonnement court. On s’attendait à ce que cette nouvelle Citroën se montre beaucoup plus longue.
Avec une cote de 4,80 m la Citroën est malheureusement desservie par une longueur d’empattement un peu juste, qui place son habitabilité dans la moyenne de la catégorie, sans briller. Toutefois, on se sent bien sur la banquette de cette C5 X, bien dessinées pour accueillir trois passagers qui profiteront de l’incomparable moelleux des assises Citroën, mais aussi d’une appréciable garde au toit.
Ce qui fait la force de cette nouvelle C5 X, c’est le retour à un hayon, contrairement à la précédente C5 qui se la jouait un peu trop « berline allemande » avec sa malle classique. L’accessibilité s’améliore considérablement, comme à la grande époque des XM, Xantia et de la première génération de C5. Côté volume, Citroën annonce pour le moment un volume en eau de 545 l plutôt généreux pour la catégorie.
Derrière le volant, l’habitacle de la Citroën C5 X joue l’apaisement, dans une ambiance chaleureuse, à défaut de se montrer luxueuse. Mais en digne porte-drapeau de Citroën, la berline soigne davantage les détails que le restant de la gamme. Les plastiques moussés sont légion, quant à la finition, elle se montre très correcte. On apprécie les multiples clins d’œil aux Chevrons qui parsèment cet environnement, aussi bien au niveau du motif de surpiqures que sur les perforations du cuir, sur les caches haut-parleurs ou encore sur l’élégant bandeau, façon bambou, qui barre le cockpit et se prolonge sur les contreportes.
Cette C5 X, qui ne propose que des transmissions automatiques, fait le ménage sur sa console centrale. En l’absence de levier, remplacé par un discret curseur, l’espace se dégage entre les passagers avant pour proposer de multiples rangements. Mais on regrette que cette grande berline fasse l’impasse sur certaines astuces disponibles sur sa petite sœur C4. Ici, pas de tiroir au-dessus de la boîte à gants, encore moins de support pour tablette tactile.
On s’attendait à être très bien installé dans cette C5 X, et c’est le cas, pour celle qui tire profit de l’expérience acquise par les C4 et C5 Aircross en termes de confort d’assises. Comme ses petites sœurs, elle promet une isolation phonique de premier ordre avec ses vitres feuilletées. Comme ses petites sœurs elle recourt à des suspensions à butées hydrauliques progressives pour filtrer les irrégularités de la route. Alors, forcément, il lui fallait un petit plus pour se démarquer du restant de la gamme. Pour faire la différence, elle s’équipe d’une suspension active. Mais rien à voir avec les usines à gaz qu’embarquaient historiquement les Citroën. Ici, pas de sphère. Le travail des amortisseurs à butées hydrauliques progressives est renforcé par l’électronique d’une suspension pilotée classique. Reste à savoir si ce système se montrera à la hauteur du mythe Citroën, lors d’un futur essai routier, dans les prochains mois.
Cette nouvelle Citroën a été développée sur la même évolution de plate-forme EMP2 V3, récemment introduite pas les nouvelles DS4 et Peugeot 308. De ces compactes, elle hérite la nouvelle interface tactile, plus performante et réactive, sur un écran encore plus grand que chez ses cousines, puisque celui-ci s’étend sur 12”. La connectivité comprend quatre prises USB-C, ainsi que la recharge du smartphone par induction, tandis que le logiciel se met à jour en temps réel, via le Cloud. On note également l’introduction d’une reconnaissance vocale en langage naturel.
On n’en demandait pas tant sur une Citroën. Une marque qui, depuis quelques années, prône une philosophie de voiture essentielle, sans chichi. Cette C5 X n’est pas à la traine sur le plan des technologies, bien que, de prime abord, on pourrait lui reprocher la faible taille du combiné numérique logé derrière le volant, hérité de la DS4, qui s’étend sur seulement 7” de diagonale. Oui, mais comme sur la DS4, on dispose d’un affichage tête haute géant qui projette les informations à travers le pare-brise en réalité augmentée, au format 21”. Encore une belle surprise.
Les aides à la conduite permettent aussi à la C5 X d’atteindre le niveau 2 en termes de roulage autonome. Le Highway Driver Assist combine le régulateur de vitesse adaptatif avec fonction Stop & Go et l’aide au maintien dans la voie pour gérer la vitesse et la trajectoire du véhicule. De son côté, la surveillance d’angle mort accroît sa portée à 75 m, quand le système Rear Cross Traffic Alert détecte un danger à proximité lors d’une marche arrière. Un arsenal sécuritaire qui fait toutefois l’impasse sur les phares LED Matrix.
A contrario, cette nouvelle C5 X se convertit à l’hybridation rechargeable, chère au groupe Stellantis. Pour le moment, Citroën évoque simplement le bloc cumulant 225 ch, comme sur le C5 Aircross, qui autorise environ 50 km de roulage 100% électrique.
La berline chevronnée fera l’impasse sur le gazole. Côté 100% thermique, il faudra uniquement compter sur une gamme de moteurs essence qui n’a pas encore été dévoilée.
Indiscutablement, Citroën prend des risques pour revenir sur le segment D. Mais reconnaissons qu’une offre classique aurait probablement été vouée à l’échec. Cette C5 X, c’est peut-être la solution pour faire redescendre la clientèle des SUV progressivement vers les berlines. L’avenir nous le dira. En attendant, les commandes de cette nouvelle C5 X démarreront cet automne, avant les premières livraisons espérées en toute fin d’année, voire début 2022. Côté tarifs, le prix de base devrait se situer aux alentours de 30 000 €, selon notre estimation.